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Date de création : 30.11.2013
Dernière mise à jour : 12.12.2025
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GUERREENUKRAINE

Publié le 18/06/2025 à 07:51 par papilacabane Tags : sur base place fond article fantastique photos centre création cadre bleu

Guerre en Ukraine : dans les morgues de Dnipro, 2 200 soldats attendent encore d’être identifiés

Reportage

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Le docteur Valery Vjun, responsable de criminologie au centre médico-légal de Novokodatskyi, ici à Dnipro en février 2022, tente de mettre un nom sur les soldats morts face à la Russie. Pete Kiehart / REDUX-REA

À Dnipro, ville principale de l’est de l’Ukraine, le bureau médico-légal a développé une expertise de pointe pour identifier les morts du front. Une partie des quelque 6 000 corps que les autorités ukrainiennes viennent de rapatrier au terme d’un échange avec la Russie y seront envoyés.

Dès que les portes arrière du camion réfrigéré s’ouvrent, une jeune bénévole avec un gros papillon tatoué sur la gorge bondit à l’intérieur. Équipée seulement de gants chirurgicaux, elle soulève, pousse, déplace les sacs mortuaires dans une éprouvante odeur de cadavres. Ses collègues en blouse blanche les réceptionnent sur des brancards pour les amener à l’intérieur de la morgue.

Situé tout au fond du complexe de l’hôpital Meshnykova, dans la grande ville de Dnipro, l’institut reçoit tous les jours les dépouilles de soldats ukrainiens tués sur le front. Plus de 35 000 depuis le 24 février 2022. Trop : « Nous n’avons pas suffisamment de place. Dans certains conteneurs réfrigérés, il y a plus de quatre ou cinq couches de corps. Jusque-là », dit le directeur Mamedov Sholat, en montrant sa poitrine, comme s’il parlait du niveau de l’eau.

Et bien d’autres vont arriver ces jours-ci. Kiev et Moscou se sont mis d’accord, le 2 juin à Istanbul, pour procéder au rapatriement massif de corps de soldats tombés. Entre le 11 et le 16 juin, l’Ukraine a obtenu le retour de 6 057 dépouilles, et la Russie de 78, selon le négociateur en chef, Vladimir Medinski. Une partie sera identifiée à Dnipro.

Seule une minorité des corps restitués par la Russie ont une « identité présumée »

La morgue de l’hôpital numéro 4, dirigée par le docteur Igor Tytarchouk, prend en charge les cas les plus compliqués, là aussi nombreux en raison des changements sur le front. « Les combats se déroulent à distance avec des explosifs plus puissants : drones, artillerie, bombes… », décrit le médecin. La menace permanente des drones kamikazes sur le front rend terriblement périlleuses les évacuations, souvent retardées, voire annulées, diminuant les chances de rapporter rapidement un cadavre.

Seule une minorité des corps rapportés de Russie ont une « identité présumée ». Tous feront l’objet de vérifications, indique Petro Yatsenko, de la coordination des prisonniers de guerre, l’administration ukrainienne qui pilote ces opérations. « Nous n’avons aucune confiance dans les documents russes, donc nous les identifierons nous-mêmes », lâche-t-il.

Le bureau médico-légal de Dnipro, qui comprend les morgues et des laboratoires d’analyse, procède à des identifications de soldats inconnus depuis le tout début de la guerre du Donbass, en 2014. « Ce bureau a de l’expérience et sait identifier des corps décomposés ou endommagés par des explosions,souligne Tania Bertrand, experte du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), basée dans la ville. Depuis 2022, il reçoit l’essentiel des cas difficiles. Il a continué à forger son expertise et a un bon niveau. »

Identification visuelle et récolte du moindre détail

La bataille pour redonner leur nom aux soldats inconnus démarre dès leur arrivée à la morgue. Penché sur un corps relativement intact, hormis le visage défiguré par un impact au front, un employé relève à haute voix les signes distinctifs et les effets personnels : main droite amputée, cigarettes Marlboro, marque et pointure des chaussures… À côté, un policier note tout scrupuleusement. L’expert attrape ensuite un petit sac vert, d’où il extrait un crâne dépourvu de mâchoire inférieure.

Tous les matins, les équipes du docteur Tytarchouk examinent les derniers corps envoyés. Sur des tables en métal, dans une atmosphère difficilement respirable, des légistes équipés de pied en cap effectuent des prélèvements et photographient chaque détail. Comme ce tatouage à peine visible sur la jambe décharnée d’un corps en phase avancée de décomposition, à la dentition intacte. Ou, plus simple mais potentiellement trompeur, ce nom écrit sur le revers d’un blouson.

Les images atterrissent sur l’ordinateur de Viktoria, chargée des identifications visuelles. Toute la journée, elle fait défiler la galerie des horreurs sur son écran. Lorsqu’une identité apparaît probable, elle se met en relation avec les proches pour la confirmer ou l’infirmer. C’est la partie la plus difficile, confie la quadragénaire, en poste ici depuis 2022 : « Les photos, ça va… L’émotion des proches, surtout des mères, est plus dure à supporter. »

Les limites de l’ADN

Lorsque l’identification visuelle ne suffit pas, le bureau médico-légal dispose d’une batterie d’autres outils. Habitué superviser les cas complexes, le docteur Valery Vjun sait qu’il n’existe « aucune méthode idéale » : « ADN, empreintes digitales, dents, fractures passées… On utilise ce qu’on peut. » Le CICR, qui épaule les autorités ukrainiennes, recommande une « approche intégrée », reposant sur des « faisceaux d’indices à haut potentiel discriminant » : toutes les informations connues, mêmes élémentaires (âge, taille, corpulence…) combinées à des éléments plus techniques, comme les antécédents médicaux, les empreintes digitales et dentaires, et bien sûr l’ADN.

Ce dernier n’est pas la panacée, insiste Andres Rodriguez Zorro, coordinateur à Kiev des activités forensiques (qui regroupent les méthodes d’analyse utilisées dans le cadre judiciaire) du CICR : « Toute identification ne signifie pas identification par ADN. L’ADN est fantastique, mais il a ses limites propres et prend du temps. » « Dans de nombreux cas, l’ADN est abîmé à cause du temps qui s’est écoulé ou des températures », détaille Olha Ivashyna, responsable du laboratoire d’analyse de Dnipro.

Création d’une base de données de l’ADN des Ukrainiens

Pour obtenir une correspondance, il faut par ailleurs disposer de l’ADN de membres proches de la famille (ascendants ou descendants directs, fratrie). Et même dans cette configuration, le résultat n’est qu’une probabilité statistique. Une réalité scientifique que les familles ont parfois du mal à accepter.

Pour faciliter les identifications, l’Ukraine a créé une base de données comprenant l’ADN des soldats, prélevés avant leur déploiement, mais elle n’est pas alimentée de façon systématique. « La grande majorité des cas pourront être identifiés,assure Andres Rodriguez Zorro. C’est une question de temps. Et pour les familles, c’est toujours trop long. »

Des cimetières débordés de victimes anonymes

Faire correspondre des corps sans nom à des noms sans corps, le défi est immense alors que les armes ne se sont pas tues. À Dnipro, environ 2 200 dépouilles attendent toujours de retrouver une identité, certaines dans les cimetières de la ville.

À la sortie de Dnipro, des drapeaux dépassent au-dessus d’un champ de blé. Des centaines de tombes pavoisées de jaune et de bleu annoncent le carré militaire du cimetière de Krasnopilske. Parmi elles, des croix de bois toutes simples portent un écriteau « Défenseur de l’Ukraine temporairement inconnu ».Au fil des années, Krasnopilske a fini par ne plus suffire. Les soldats inconnus sont maintenant enterrés à Diyivska, non loin de là. Un peu moins de 200 corps reposent sous ces croix de bois. Quelques tombes parmi elles sont fleuries. Ces morts-là ont retrouvé leur nom.