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ABSENCE

Publié le 07/05/2018 à 19:25 par papilacabane Tags : enfants vie monde homme france amour photo amis femme travail mort 2010 sur femmes rose citation

le regard

Le site des statues bouddhistes détruites par les talibans, à Bamiyan (Afghanistan), en 2010. Photographie de Shah Marai, tué le 30 avril dans un attentat à Kaboul (parue dans La Croix du 2 mai).

Le site des statues bouddhistes détruites par les talibans, à Bamiyan (Afghanistan), en 2010. Photographie de Shah Marai, tué le 30 avril dans un attentat à Kaboul (parue dans La Croix du 2 mai). / Shah Marai/AFP

 

Comment une photo peut-elle à ce point donner à voir une notion, une idée, un sentiment, bien réels certes, mais irreprésentables ? L’absence, suggérée par la citation de Jean de La Fontaine accompagnant l’image (1), est ici plusieurs fois suggérée, comme en abyme. L’absence du photographe afghan de l’Agence France-Presse qui avait pris le cliché en 2010, Shah Marai, et qui a trouvé la mort dans un attentat-suicide à Kaboul, destiné à piéger les journalistes venus « couvrir » un premier attentat. Témoin et victime de la violence qui déchire son pays depuis tant d’années, cet homme n’est plus ; pour sa famille, ses amis, ses collègues, sa vie et son œuvre s’inscrivent en creux dans les cœurs et les mémoires, semblables au trou béant dans la paroi rocheuse blonde où se nichaient les statues monumentales bouddhistes de Bamiyan que les talibans ont détruites car, selon eux, elles offensaient leur foi. On ne les voit plus. Leur trace ne s’efface pas. Absence, enfin, des femmes dans l’espace public afghan. La silhouette drapée d’un rose éclatant, si visible dans cet univers minéral, ne suffit pas à faire oublier que de cette femme marchant d’un pas ferme, son baluchon à la main, nous ne connaîtrons jamais le visage.

Reviennent alors en notre mémoire les paroles écrites par Jean-Loup Dabadie pour une chanson de Serge Reggiani et sa voix meurtrie par la vie. « L’absence, la voilà ; l’absence d’un enfant, d’un amour, l’absence est la même quand on a dit je t’aime un jour, le silence est le même. » L’absence, la voilà ! Le silence est le même. Hommage à ceux qui meurent sous les violences des terroristes, hommage aux enfants pris dans la folie des hommes. L’actualité, trop souvent, nous conduit à tenir le registre mondial des absences.

Mais cette magnifique photo est aussi l’occasion de saluer le travail des photoreporters, au plus près des faits pour en ramener la mémoire visuelle. Une consœur, un jour, racontait avoir joint par téléphone un photographe dont elle voulait publier une photo dans son magazine. Ils en discutaient tranquillement quand, soudain, l’homme lui avait demandé de l’excuser : il devait se protéger derrière un muret. Il était sur un théâtre de guerre, des balles sifflaient autour de lui (elle en entendait vaguement l’écho sans imaginer un instant qu’il s’agissait de tirs), mais il ne l’avait pas d’emblée dit à son interlocutrice ! Il faisait son métier. Que Shah Marai, qui vivait les affres de son pays martyrisé par des vagues successives de violence, soit ici remercié. Rappelons aussi la mémoire du photographe franco-iranien Abbas, décédé récemment à Paris, qui pendant des décennies pour l’agence Magnum couvrit tous les conflits du monde mais aussi – et La Croix s’en souvient particulièrement – s’intéressa aux croyants de toutes religions. L’usage du noir et blanc ne traduisait pas une vision simpliste du monde. Bien au contraire. Leur silence photographique nous pèse.

Dominique Quinio

(1) « L’absence est le plus grand des maux » (dans la fable Les Deux Pigeons).