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HABITERUN MONUMENT

Publié le 16/09/2022 à 08:27 par papilacabane Tags : prix sur vie france chez enfants musique photos maison heureux cadeau carte

Habiter un monument, entre contraintes et rêves de transmission Pendant un week-end, les monuments historiques ouvrent leurs portes. Plus d’un tiers d’entre eux, dans lesquels les propriétaires vivent à l’année, sont visités au minimum quarante à cinquante jours par an. Habiter un monument, entre contraintes et rêves de transmission

 

Nicolas, propriétaire du château du Taillis, effectue les visites guidées pour les visiteurs. Château du Taillis

 

« Si on ne s’implique pas de manière intensive dans la vie du domaine, c’est la fin de l’aventure », souffle Nicolas, propriétaire du château du Taillis en Seine-Maritime, dont le téléphone ne cesse de sonner. Il vit avec sa famille dans les parties anciennement réservées au personnel. Depuis que ses parents se sont endettés pour acheter en 1998 ce monument, classé historique quatre ans plus tôt, ils lui ont donné carte blanche pour en gérer l’entretien et les travaux de restauration.

Château, moulins, abbayes… et même des bateaux ! En France, 34 % des monuments historiques sont habités (1). Entre obligations légales et besoins financiers, beaucoup se visitent en dehors des Journées européennes du patrimoine. Ouvrir un monument privé au public est une des conditions sine qua non pour être éligible aux subventions du ministère de la culture, et à certains avantages fiscaux. Une des nombreuses contraintes que ces propriétaires acceptent, tant ils ressentent un attachement viscéral, presque physique, au lieu qu’ils habitent.

« D’où des sacrifices financiers, en termes de temps passé, d’énergie dépensée, de soucis constants », souligne Olivier ­Calon, auteur de J’habite un monument historique. Nicolas, chef de l’entreprise du château du Taillis, confirme. Il se souvient des journées passées avec sa mère dans le jardin du domaine, pour faire croire au visiteur « que quinze jardiniers s’y étaient affairés ». Et en hiver, lorsque alors que le thermomètre ne dépasse pas 8 °C au salon de musique, son père vit « avec un peignoir sur ses habits et un bonnet vissé sur la tête ».

Le quarantenaire l’avoue : si le château du Taillis survit, c’est grâce aux visiteurs et aux réceptions. Le revenu généré est réin­ves­ti dans l’entretien du domaine. Pour la réhabilitation de la « maison du chapelain », dont les étages s’effondraient, Nicolas a dû réunir 306 000 €, s’ajoutant aux 44 000 € subventionnés par le ministère de la culture. Alors, en plus des dons, le châtelain s’en sort en multipliant les activités – depuis six ans, il arrive à dégager un bénéfice financier. Visites nocturnes aux bougies, commémorations du 8-Mai avec 400 participants, escape games… Et avec des astuces : « J’achète les bougies par lots à bas prix que je dispose dans le domaine, détaille Nicolas. S’il pleut, je perds un budget raisonnable, s’il fait beau c’est un carton. » Comme main-d’œuvre pour ces événements, des bénévoles et une « bande de copains ». Les visites guidées de groupe, il les réalise lui-même.

Pour se faire connaître, la concurrence est rude : en Normandie, 3 000 édifices sont inscrits ou classés monuments historiques. Surtout, la situation était « très mal vécue » par le père de Nicolas. « Laisser l’entrée de sa cuisine à un traiteur et celle des étages aux invités des réceptions… Ce n’était pas son projet en achetant », se souvient son fils, qui préfère se concentrer sur l’objectif : « Mon rêve est de transmettre un domaine viable à mes enfants. »C’est l’un des traits communs à ces propriétaires de patrimoine, d’après Olivier Calon.« Tous pensent à ”l’après-moi”, ils veulent que le monument continue à vivre et à rayonner »,relève-t-il.

Dans la Nièvre, vendre le château de Bazoches est tout aussi inimaginable pour Amaury, dont sa famille est propriétaire depuis des siècles. En 1997, ses parents ouvrent au public la demeure, acquise par l’architecte Vauban en 1675 et classée monument historique en 1993. Leur stratégie : profiter de la fréquentation de Vézelay, à dix kilomètres de là. En 2021, les comptes du domaine sont pour la première fois à l’équilibre. Alors, faire visiter le château de Bazoches ne pose aucun problème à Amaury. « Je n’ai jamais vécu ailleurs que dans un bien ouvert au public ! », déclare-t-il, racontant que ses grands-parents étaient propriétaires du château de ­Cheverny, où il a passé son enfance.

Aujourd’hui, Amaury montre aux visiteurs de Bazoches ce qui, autrefois, était les appartements d’été de ses grands-parents. « Mais nous conservons une partie privée, la façade sud du château. »« Habituellement, la visite de certaines pièces d’une maison est associée à des degrés d’intimité différents », analyse Patrick Avrane, psychanalyste et auteur de Maisons. Quand l’inconscient habite les lieux. S’ils veulent obtenir des subventions, les propriétaires de patrimoine ne peuvent pas « faire le tri », et sont obligés de recevoir « des inconnus qui viennent pour le lieu et non pour l’habitant »,ajoute le psychanalyste.

Certains propriétaires en sont gênés, tandis que d’autres sont plutôt « heureux de montrer leur implication dans les travaux de restauration ». C’est le cas de Gérard, propriétaire depuis 1997 du château de Roumare, en Seine-Maritime. Lors des visites guidées, c’est lui qui explique la partie technique des travaux. On ne fait pas n’importe quoi avec un monument historique, soumis à une réglementation stricte. Notamment avec la toiture de Roumare : « Il fallait des clous en cuivre et de 38 mm de longueur, des ardoises de 4 à 5 mm d’épaisseur et des artisans spécifiques »,liste le châtelain, guidé par quatre siècles d’archives « bien fournies ». Un casse-tête qui a duré dix ans, mais aussi l’occasion de découvrir un savoir-faire en voie de disparition. Ce qui attire les visiteurs, ces propriétaires en sont convaincus, c’est l’histoire du monument mais aussi l’âme de leurs maisons.

Comme l’appartement qu’habite Marie depuis 1956 à la Cité radieuse de Le Corbusier à Nantes, ouvert ce week-end. « Ici, le lien social est maître-mot, avec dans l’immeuble la possibilité, sans obligation, d’activités communes, une école maternelle, un toit-terrasse, le hall unique qui favorise les rencontres… » Depuis soixante-six ans, elle n’a rien modifié chez elle aux plans d’intérieur de Le Corbusier, « toujours pertinents », excepté pour la réfection de la cuisine ou des sanitaires.

Au château du Taillis, Nicolas vante, lui, le « patchwork d’époques », entre styles Louis XIII et XIXe siècle. Dans le salon à musique, le piano appartenait à sa grand-mère, ballerine russe : un ami compositeur le lui avait légué. L’armure napoléonienne, à côté des photos de famille ? Un « cadeau des copains » de Nicolas, pour ses 40 ans. « Le bâtiment était vide à l’achat, notre but est de donner l’impression aux visiteurs qu’il a toujours été meublé comme nous l’avons fait. »

Des visiteurs en quête d’un « supplément d’âme »

Tours (Indre-et-Loire)

De notre correspondant régional

À Villandry (Indre-et-Loire), Henri Carvallo animera, comme de coutume, des visites guidées lors des 39es Journées européennes du patrimoine les 17 et 18 septembre. Une évidence pour l’arrière-petit-fils de Joachim Carvallo, qui acheta le monument en 1906 : «Nous sommes là pour fournir de la beauté et du bonheur au public, auquel nous devons une forme de réciprocité, car il nous permet de vivre et d’entretenir le monument. » Comme la plupart des propriétaires, le châtelain cherche à se frayer une place au milieu d’une offre pléthorique en s’affichant sur tous les fronts.

« Nous sommes les premiers ambassadeurs, le petit supplément d’âme »,prétend celui qui occupe à l’année des appartements situés dans les communs du château. « Les visiteurs sont assez sensibles au fait qu’une même famille soit dépositaire d’un lieu depuis plusieurs générations. Ils s’intéressent à la manière dont elle a réussi à le maintenir en bon état, à financer les travaux et à remplir cette mission de service public de partager leur patrimoine. »

De fait, le public montre de plus en plus son goût pour ces châteaux privés, confirme l’influenceuse tourangelle Emmy Zapartca. «Rebutés par les files d’attente et les réservations à l’avance dans les grands châteaux, les visiteurs veulent vivre une expérience originale et privilégiée », pointe-t-elle.Suivie par plus de 20 000 abonnés sur son compte Instagram – des jeunes adultes de 25 à 45 ans pour l’essentiel –, cette jeune historienne de l’art consacre une part significative de ses contenus en ligne à la mise en valeur de ces pépites du patrimoine ligérien.

«Nous sommes de plus en plus nombreux », souligne à son tour Henri Carvallo, qui fait partie de l’association « Vallée des Rois », rassemblant une centaine de monuments du Val de Loire, « dont une bonne moitié de privés, ouverts aupublic au moins sept mois dans l’année ». Les guides-conférenciers indépendants et les offices de tourisme s’adaptent. Ces derniers « reconsidèrent certains circuits »,selon Henri Poignet, directeur de l’office de tourisme de Tours-Val de Loire.

«Les gens ont pris l’habitude de visiter un grand château le matin et un monument plus confidentiel l’après-midi. Il est de plus en plus fréquent d’inclure dans une visite de groupe une entrevue avec un propriétaire. » Le directeur est convaincu que l’engagement personnel des propriétaires n’y est pas étranger : « Quand Henri Carvallo anime une visite, il installe une proximité avec les murs. Il raconte les petites anecdotes et la grande histoire du château, par exemple la vie d’une pièce de mobilier disparue et recherchée à l’autre bout du pays. »

Une autre narration de l’histoire, au milieu des tableaux ou des photos de famille. Certains propriétaires empruntent même des références à de grandes sagas littéraires et cinématographiques. À Montpoupon, près de Chenonceaux (Indre-et-Loire), le circuit de visite, de l’intimité des salons feutrés et capitonnés jusqu’aux coulisses animées des cuisines, a ainsi été placé sous le signe de la série Downton Abbey. «C’est ce que vient chercher le public, souvent fasciné par des gens qui ont un mode devie différent, hérité de temps plus anciens,observe Emmy Zapartca. Les visiteurs ont l’impression de passer les portes d’un lieu où, à d’autres époques, ils n’auraient pas pu rentrer. »

Portant un soin particulier à créer des événements tout au long de l’année et à renouveler leur scénographie, ces monuments privés entretiennent ce lien étroit avec leur public, quelle que soit leur taille – de Cheverny, l’une des locomotives touristiques du Loir-et-Cher, à des châteaux plus intimistes comme l’Islette à Azay-le-Rideau, le Rivau à Léméré, près de Chinon, ou Montpoupon. À l’office du tourisme, Henri Poignet vante des animations « souvent plus créatives que dans les grands domaines et qui participent aussi de ce sentiment de vivre une expérience privilégiée », avant d’ajouter : « Il yva de leur survie. »