Thèmes

fond france sur place monde soi abonnement presse article internet cadre texte bleu pouvoir place

Rubriques

>> Toutes les rubriques <<
· CULTURE (67)
· L'ACTUALITE (65)
· JARDIN (80)
· LA LECTURE (114)
· HUMEUR,HUMOUR ! (47)
· LES SCIENCES (85)
· RELIGION (65)
· HISTOIRE DE LA FAMILLE (47)
· PRIER (70)
· POESIE (62)

Rechercher
Derniers commentaires Articles les plus lus

· MILLARDAIRES
· SAINT JOSEPH ,PERE.PAR LE PAPE.
· lES EMIRATS ARABE UNIS
· FORUM DE DAVOS
· LA VAGUE VERTE

· LA TURQUIE
· ALLOCATIONS FAMILIALES
· ELECTIONS AMERICAINES
· ELECTIONS
· AVEC MACRON ?
· LES PARASITES
· MARITAIN
· 1200MILLARDS DE DOLLAR SUR LES INFRASTRUCTURES
· LAFILIERE
· LE CORAIL

Voir plus 

Abonnement au blog
Recevez les actualités de mon blog gratuitement :

Je comprends qu’en m’abonnant, je choisis explicitement de recevoir la newsletter du blog "papilacabane" et que je peux facilement et à tout moment me désinscrire.


Statistiques

Date de création : 30.11.2013
Dernière mise à jour : 04.10.2025
11976 articles


TWITTER

Publié le 16/11/2022 à 09:02 par papilacabane Tags : france sur place monde soi abonnement presse article internet cadre texte bleu pouvoir

Twitter selon Musk, la liberté d’expression absolue ? Le rachat de la plateforme par Elon Musk soulève des inquiétudes sur la modération des contenus et la transparence des algorithmes du réseau social. Twitter selon Musk, la liberté d’expression absolue ?

 

 

Comment a-t-il changé Twitter ?

« L’oiseau est libre », postait Elon Musk sur Twitter le 28 octobre pour annoncer son rachat pour 44 milliards de dollars du réseau social au volatile bleu. Dix jours plus tard, le patron de Tesla et SpaceX, seul aux commandes de la plateforme, invitait les Américains à voter pour le Parti républicain aux élections de mi-mandat au nom de l’équilibre des pouvoirs exécutif et législatif. Une intervention qui a renforcé les inquiétudes sur une utilisation politique de Twitter par le milliardaire, hyperactif sur son compte aux 115 millions d’abonnés.

En trois semaines, Elon Musk a limogé la précédente direction, licencié la moitié des 7 500 salariés, et bouleversé le système. Le 1er novembre, il lançait un abonnement de 8 dollars (7,70 €) par mois pour obtenir la certification de son compte et des avantages : vidéos plus longues, moins de publicité, plus de visibilité… Face à l’explosion de faux comptes, le milliardaire promet d’un côté une « vérification généralisée » pour traquer les robots sur Internet, et de l’autre le « pouvoir au peuple »et un « journalisme citoyen » favorisé. Il a aussi annoncé la réintégration des comptes suspendus, comme celui de l’ancien président Donald Trump.

Quelles sont les conséquences pour le débat public et l’information ?

« Elon Musk ne cache pas sa posture libertarienne, maximaliste sur la liberté d’expression. Toute la question est de savoir comment il va gérer la modération sur Twitter, souligne le spécialiste du numérique Tristan Mendès France. Ses prises de position laissent penser que la lutte contre la désinformation ne sera pas sa priorité. Mais il doit aussi rassurer des annonceurs qui ne veulent pas voir leurs publicités associées à des contenus toxiques. » Le chercheur n’exclut pas le risque que Twitter subisse le sort de plateformes comme 4Chan (qui a vu naître le mouvement complotiste QAnon), peu à peu « phagocytées par les franges extrémistes »des communautés.

« En l’absence d’une modération proactive, les utilisateurs les plus bruyants et provocateurs ont tendance à repousser les plus modérés ». Les inquiétudes liées au débat public reflètent selon lui la « centralité de Twitter dans l’espace public informationnel planétaire ». D’abord populaire auprès des célébrités, du monde des médias et des politiques, le réseau social s’est imposé comme la plateforme où l’on s’informe avant tout le monde et où l’on poste des témoignages d’actualité. «S’il faut désormais payer pour être davantage visible sur Twitter, c’est une gestion censitaire de l’espace public », estime Christophe Deloire, le secrétaire général de Reporters sans frontières, inquiet d’une « polarisation croissante au sein du plus grand salon de discussion politique ».

Pourquoi est-il si difficile de quitter Twitter ?

La rapidité avec laquelle ses messages courts atteignent leur potentiel d’audience (en dix-huit minutes, contre vingt heures sur Facebook ou vingt jours sur YouTube) et favorisent les conversations confère à Twitter une place unique dans « la capacité à façonner le discours en temps réel », analyse Anjana ­Susarla, spécialiste des réseaux d’information à l’université du Michigan, dans unarticle publié sur le média en ligne The Conversation. C’est en cela une « mine d’or » pour les chercheurs, journalistes ou communicants. « La barrière de sortie de Twitter aurait un coût énorme pour ceux qui ont construit une communauté,relève Tristan Mendès France. Un réseau social se mesure à la masse critique de ses utilisateurs. Aucun autre n’a acquis ce capital d’audience. »

Souvent cité comme alternative, Mastodon, réseau social décentralisé et indépendant créé en 2017, apparaît pour certains lent et complexe. Cyrille Frank, formateur et spécialiste de la transformation numérique des médias, lui préfère le réseau professionnel LinkedIn. Une disparition de Twitter, par destruction de valeurs sous le contrôle erratique d’Elon Musk, ne serait pas une si grosse perte pour les médias, qui n’y réalisent que « 3 à 4 % »de leur trafic global. Et encore moins pour le grand public, qui se l’est peu approprié. Ce fin observateur de l’écosystème médiatique présageait dès 2019 la fin possible des « réseaux sociaux généraux »et de « l’utopie du “tous copains” » dans un mouvement de « repli sur soi », engendrant moins d’altérité et moins d’agressivité.

Que propose le cadre européen ?

« En Europe, l’oiseau volera selon nos règles européennes », rétorquait le 28 octobre sur Twitter le commissaire européen Thierry Breton à Elon Musk en l’informant de la publication du règlement sur les services numériques (Digital Services Act) la veille au Journal officiel de l’Union européenne. En février 2024, ce règlement imposera aux plateformes, sous peine de sanctions pouvant aller jusqu’à l’interdiction, la mise en œuvre de politiques de modération de contenus, ainsi qu’une plus grande transparence, y compris pour les algorithmes de recommandation, accusés d’enfermer leurs utilisateurs dans des formes de bulles informationnelles.

« À la différence des États-Unis, les Européens n’ont pas de débat politique ou philosophique sur la conception de la liberté d’expression »,analyse Asma Mhalla, spécialiste des enjeux politiques du numérique. « En France, Twitter devra respecter la loi de 1881 sur la liberté de la presse, le Code pénal et des textes plus récents sur la haine ou la désinformation en ligne. Un corpus chapeauté par ce règlement européen auquel Elon Musk devra en théorie se conformer », insiste-t-elle.

« Cela pose la question des moyens techniques et humains, et de la gouvernance qui sera mise en place entre l’unité opérationnelle créée au sein de la Commission et les régulateurs nationaux, comme l’Arcom. Si l’on n’est pas bons dans la mise en œuvre de ce texte, on continuera comme aujourd’hui, et peut-être en pire. »

Peut-on aller plus loin dans la régulation ?

Ce règlement participe à la définition d’« une souveraineté numérique en Europe »,observe Asma Mhalla. Le moment est venu selon elle d’entamer une discussion avec les États-Unis, au sujet des « modalités de mise en place d’une gouvernance transatlantique ».Ce serait l’occasion de repenser « le statut juridique des plateformes, qui sont à la fois des infrastructures publiques, des armes militaires et des entreprises privées ».

Déjà, les États-Unis ont intégré le 22 septembre le Partenariat sur l’information et la démocratie. Ce processus multilatéral impulsé par Reporters sans frontières, réunissant désormais 47 États, travaille à la constitution d’« un espace numérique démocratique », rappelle Christophe Deloire. «On est dans un moment où les discussions internationales avancent pour imposer plus de transparence et une neutralité politique aux plateformes. »

Elon Musk, joker dans le désordre international En vingt ans, le milliardaire s’est imposé comme un acteur de la géopolitique mondiale. Ses partenariats avec l’État fédéral le placent au cœur de la rivalité technologique entre les États-Unis et la Chine.

C’est un joker de plus dans le désordre international. Entre la prise de contrôle de Twitter, le lancement de quatre astronautes et d’une nouvelle salve de 54 satellites et la présentation d’un semi-remorque électrique, Elon Musk a trouvé le temps de proposer une « zone administrative spéciale »pour régler le sort de Taïwan et un « plan de paix » pour l’Ukraine (neutralisation de l’Ukraine, abandon de la Crimée, référendum dans les zones occupées par la Russie).

En quelques mois, l’homme le plus riche du monde s’est ainsi mis à dos les autorités de ces pays, suscitant l’irritation de la Maison-Blanche, et même du ­Pentagone, un moment sollicité pour régler la note du service d’accès à Internet via sa constellation de satellites (Starlink) en Ukraine.

Le milliardaire américain s’impose comme un acteur majeur de la géopolitique mondiale, symbole de l’hybridation du pouvoir entre big tech et États. Tesla (véhicules électriques), SpaceX et Starlink (espace), Neuralink (neurotechnologies), NBIC (implants cérébraux) et Twitter sont «les pierres angulaires de son projet de technologie totale comme une réponse ultime à tous les problèmes du monde », analyse Asma Mhalla, spécialiste des enjeux géopolitiques du numérique, enseignante à Sciences Po et à l’École ­polytechnique.

Depuis vingt ans, son partenariat avec le gouvernement fédéral a permis aux États-Unis de retrouver leur position dominante dans l’espace. L’armée américaine utilise Starlink, tandis que son entreprise spatiale SpaceX produit des fusées pour la Nasa. Son pouvoir commence à inquiéter Washington, de même que son réseau d’investisseurs étrangers et de participations hors des États-Unis. Au point que des responsables souhaitent des vérifications plus poussées sur ses éventuels projets de développement en Chine et en Russie.

«Ses relations avec d’autres pays méritent d’être examinées », estimait Joe Biden, la semaine dernière, en réponse à une question sur l’implication du prince saoudien Al Walid Ben Talal dans le rachat de ­Twitter. Ce dernier a, en effet, apporté à Elon Musk les presque 35 millions d’actions qu’il détenait déjà dans le réseau social, directement et via sa holding KHC, ce qui en fait le deuxième actionnaire du groupe.

À la demande de deux sénateurs démocrates, Ron Wyden, président de la commission des finances, et Chris Murphy, sénateur du Connecticut, le Comité sur les investissements étrangers (CFIUS) du département du Trésor – chargé d’enquêter sur les investissements étrangers dans les transactions américaines – doit examiner si cette participation saoudienne a des «implications en matière de sécurité nationale». «Je soutiens depuis longtemps que les États-Unis ont un intérêt de sécurité nationale à protéger les données des Américains contre les gouvernements étrangers meurtriers, et ce régime saoudien correspond parfaitement à cette description»,a insisté Ron Wyden.

Le comité doit également examiner les liens du milliardaire avec la Chine. Tesla exploite une usine de fabrication à Shanghaï qui produit plus d’un million de véhicules électriques. «Le gouvernement américain s’inquiète de sa dépendance envers des pays comme la Chine, des investisseurs étrangers comme le prince saoudien, et le fonds souverain du Qatar, dont les valeurs et les intérêts ne sont pas alignés sur ceux des États-Unis, souligne Katja Munoz, chercheuse au Conseil allemand pour les relations étrangères (DGAP). Près de la moitié de la production de Tesla vient de Chine. C’est un moyen de pression qui pourrait être utilisé par Pékin sur Starlink et Twitter. »

Selon Ian Bremmer, patron de l’Eurasia Group, Elon Musk s’était entretenu avec Vladimir ­Poutine sur les lignes rouges du Kremlin à propos de l’Ukraine, avant de balancer son « plan de paix » en trois points. «Un jeu classique de Poutine, qui utilise des intermédiaires pour tester les réactions à ses idées», décrypte Fiona Hill, chercheuse à la Brookings Institution. Entre l’État américain et le milliardaire transgressif, la codépendance n’a pas fini d’être toxique.