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L'AMAZONIE

Publié le 09/08/2019 à 08:52 par papilacabane Tags : monde sur enfants presse mort pouvoir

Jair Bolsonaro, le « pire ennemi des indigènes » Devant l’augmentation de la déforestation en Amazonie, le président Jair Bolsonaro conteste les chiffres officiels et s’en prend aux scientifiques et aux ONG.

Jair Bolsonaro, le « pire ennemi des indigènes »

 

Des enfants wajapi, dans le village de Manilha (nord du Brésil). Apu Gomes/AFP

 

Sao Paulo (Brésil)

Correspondance spéciale

Après la découverte du corps du chef indigène Emyra Wajapi dans une rivière le 23 juillet dernier, dans l’État d’Amapa, dans le nord du pays, les membres de sa tribu ont autorisé son exhumation. Il s’agit d’une décision exceptionnelle dans la culture wajapi, qui vise à faire la lumière sur les conditions de cette mort violente. Mais avant même la conclusion de l’enquête, le nouveau président du Brésil Jair Bolsonaro a tranché : il n’y a pas « d’indices » d’un lien entre cet assassinat et l’invasion d’une cinquantaine d’orpailleurs clandestins sur les terres wajapi.

C’est pourtant la thèse soutenue par la Fondation nationale de l’Indien (Funai), et l’objet de l’enquête de la police fédérale. Délimitées en 1996 par l’État, qui en délègue la gestion aux Indiens, ces terres sont riches en or, manganèse, fer et cuivre. Elles restent l’objet des convoitises des orpailleurs clandestins qui se sentent encouragés par la politique favorable à l’agro-industrie et au tout-business du président Bolsonaro.

« Pourquoi vouloir exploiter les terres indigènes ? La motivation ne peut être qu’idéologique de la part de ceux qui ignorent totalement la réalité des peuples traditionnels et ne conçoivent pas la possibilité de vivre autrement que comme les urbains », déplore l’anthropologue Dominique Tilkin Gallois, professeure à l’Université de Sao Paulo (USP).

Dans une note publiée fin juillet, la Coordination des organisations indigènes de l’Amazonie brésilienne (Coiab) dénonce directement « l’actuel pire ennemi des peuples indigènes, Jair Bolsonaro et ses ministres anti-indigènes ». « Systématiquement, durant la campagne et au long des sept mois au pouvoir, ils attaquent les Indiens, criminalisent leurs chefs(…) au nom d’un vieux discours de développement social et économique du pays », dénonce l’organisation.

Dès son arrivée au pouvoir en janvier, Jair Bolsonaro a adopté des mesures claires en faveur de l’agro-industrie. Il a nommé la cheffe du lobby agricole au Congrès, Tereza Cristina da Costa, au ministère de l’agriculture. Confirmant les craintes des peuples indigènes, il a aussi proposé de retirer à la Funai la responsabilité de démarquer et protéger les terres indigènes, pour en confier la gestion au ministère de l’agriculture. Cette décision a finalement été annulée in extremis, le 1er août, par le tribunal suprême fédéral (STF). Quant au ministre de l’environnement, Ricardo Salles, il affiche son climato-scepticisme, tout comme le chef de l’État.

Dans ce bras de fer, la force des statistiques ne suffit pas à convaincre le dirigeant d’extrême droite. Fin juin, il s’en est pris directement à Ricardo Galvao, directeur de l’Institut national de recherches spatiales (INPE), principal organe de calcul de la déforestation grâce à des images satellites, qui publie des chiffres accablants pour le nouveau gouvernement. D’après l’INPE, en juin, la déforestation a augmenté de 88 % par rapport à juin 2018, et de 278 % en juillet, un record depuis 2015. Jair Bolsonaro, lui, clame que « si cette déforestation existait, l’Amazonie n’existerait déjà plus et serait un grand désert ».

Face à la brutalité des chiffres qui « discréditent le Brésil », le chef de l’État a pris une décision radicale : le 2 août, Ricardo Galvao, membre respecté de l’académie brésilienne des sciences, est limogé de son poste de directeur de l’INPE, provoquant l’indignation de la communauté scientifique internationale. Il accuse alors le président de « se comporter comme s’il était au bar du coin ». Pour remplacer ce scientifique, Jair Bolsonaro nomme un militaire, Darcton Policarpo Damiao, à la direction par intérim de l’INPE.

Au sommet du G20 en juin dernier, le dirigeant brésilien a également critiqué les positions de la chancelière allemande Angela Merkel et du président français Emmanuel Macron, soucieux du sort de la plus grande forêt tropicale de la planète. Quelques jours plus tard, face à la presse internationale, à Brasilia, il a lancé : « Soyons clairs, l’Amazonie n’est pas à vous. » À ses yeux, les ONG de défense de l’environnement veulent que « les Indiens continuent à être prisonniers comme dans un zoo, comme s’ils étaient des hommes préhistoriques ».

Pour Dominique Tilkin Gallois, les Indiens sont les ultimes victimes de ces polémiques. « La forêt parle à travers ces données, mais on accuse son directeur. Les Indiens appellent au secours, mais on accuse les anthropologues ou les ONG. C’est grave parce qu’on revient à cette idée que les Indiens ne peuvent pas énoncer eux-mêmes leurs demandes », constate-t-elle.

Pendant que les scientifiques s’inquiètent de la déforestation et de ses conséquences sur l’avenir de la planète, le gouvernement brésilien a envoyé, pour la première fois, des représentants diplomatiques à une réunion aux États-Unis rassemblant les grands noms du négationnisme climatique à l’initiative du groupe de discussion conservateur The Heartland Institute. « Il faut une discussion ouverte et non idéologique sur le réchauffement climatique », a justifié le ministre brésilien des affaires étrangères, Ernesto Araújo.

Loin de ces querelles, dans l’État d’Amapa, la tribu wajapi attend les résultats de l’autopsie du corps du cacique Emyra Wajapi, qui seront publiés d’ici à la fin du mois. Le conseil des villages Wajapi-Apina a dénoncé dans une lettre rendue publique l’invasion des terres indigènes et fait état de « marques laissées dans la forêt » par les orpailleurs. Les 607 000 hectares de terres wajapis rassemblent 49 villages au sein desquels vivent un millier de personnes. S’y ajoutent 1 100 Wajapi le long du fleuve Oyapock en Guyane française. Joint par téléphone, Vicente Wajapi, l’un des signataires de la lettre, est formel : « Nous savons que des envahisseurs sont encore sur nos terres ».

Les Indiens du Brésil en chiffres

repères

Les Indiens du Brésil en chiffres

 

 

305 tribus sont recensées au Brésil ; elles regroupent entre 800 000 et 900 000 indigènes. Plus de la moitié d’entre eux vivent en Amazonie.

Un tiers des tribus sont des peuples isolés qui refusent tout contact avec le monde extérieur.

13 % de la superficie du Brésil est couverte par des territoires autochtones reconnus par le gouvernement. La presque totalité de ces territoires se trouve en Amazonie. Pour le président brésilien, Jair Bolsonaro, ces zones protégées sont « surdimensionnées ».

L’héritage culturel des Indiens – 274 langages et autant de cultures que de peuples – est en danger. Les communautés les plus vulnérables comptent moins d’un millier de membres. Parmi elles, les Awá sont considérés comme la tribu la plus menacée au monde par l’ONG Survival International.

« Seule l’Église catholique nous aide » Cloves Marubo, 54 ans, de l’ethnie marubo du bassin de la Javari (État d’Amazonas, Brésil)

« Nous sommes menacés à l’intérieur de nos réserves (8 millions d’hectares pour les 16 ethnies vivant dans le bassin de la Javari, NDLR) par les trafiquants de bois et les propriétaires d’haciendas (vastes exploitations agricoles), par les braconniers qui pillent les œufs de tortues et enfin par les orpailleurs clandestins… La Funai (Fondation nationale de l’Indien) n’a plus les moyens de tenir ses postes militaires et de protéger les démarcations de nos terres. Seule l’Église catholique nous aide, par le biais du Conseil indigéniste missionnaire (Cimi) et du Réseau ecclésial pan-amazonien (Repam). »